Néo-paysans en Normandie, Thibault et Elsa vous racontent leur histoire:
« Ces dix dernières années nous les avons passées, avec Elsa, à parcourir la France et le monde, caméra au poing. Et puis un jour on en a eu ras-le-bol ! Pas ras-le-bol de rencontrer des gens et de raconter leurs histoires mais ras-le-bol de se crever et de prendre des risques un peu partout dans le monde pour rien. Parce que même si le journalisme essaie parfois de toutes ses forces, il ne change rien au monde, ou si peu par rapport à l’investissement qu’il requiert.
Alors nous avons décidé de prendre les choses en main. De vivre pour ne pas avoir de regrets. De redonner du sens à notre quotidien. Cette quête de sens qui nous avait orienté vers le journalisme.
Quand chez Neo-Agri, ils nous ont proposé d’écrire quelques lignes sur nous et notre projet, on a d’abord hésité. Parce que pour le moment nous n’avons encore rien prouvé. Et puis on s’est dit que notre réflexion et notre changement de vie pourraient peut-être motiver d’autres personnes.
Depuis un an, nous avons commencé à créer une micro-ferme en Normandie : la Ferme des Gobettes. Le but c’est d’y produire une grande diversité de légumes. Bio, évidemment. Et de les vendre localement. Nous en sommes encore au début de notre parcours et nous ne produisons pas encore. Pour le moment nous continuons de nous former, obtenons des diplômes, rencontrons beaucoup de maraîchers, visitons des exploitations… et lisons des dizaines de livres. Nous vivons encore entre Paris et la Normandie et déménagerons définitivement cet été.
Nous passons tous les week-ends à la ferme, finissons de rénover la maison d’habitation et à partir de cet été on se met à fond sur le maraîchage. Nous avons commencé à planter des arbres et allons continuer. L’agroforesterie est au cœur de notre projet. Nous disposons en tout de 5.5 hectares dont deux grandes parcelles de deux hectares et un hectare et demi. Notre priorité est de commencer doucement avec des tunnels et sûrement 5000 mètres carrés à cultiver et s’agrandir à notre rythme, en même temps que nos compétences.
Nous essayons de récupérer un maximum de choses et allons acheter du matériel d’occasion pour limiter les investissements et ne pas dépendre des banques. En ce qui concerne les charges, nous souhaitons être peu mécanisés et travailler sur des planches permanentes, limiter au maximum le travail du sol pour tendre vers le maraîchage sur sol vivant. Nous prévoyons de réaliser au maximum nos plants et nos semences et à terme se divertir. Nous avons de la place et des idées (poules, verger, herbes aromatiques, transformations…) mais voulons d’abord bien maîtriser le maraîchage.
A Paris dès que nous parlons de notre projet les gens nous disent « ah ouais la permaculture c’est ça ? Cool… Tu mets de la paille et ça pousse tout seul c’est ça ? »… Ça nous fait beaucoup rire et nous essayons d’expliquer que c’est un peu plus compliqué.
Le projet a mis plusieurs années à prendre forme. Nous avons réfléchi à notre place dans la société, à ce que nous voulions apporter et comment nous voulions vivre. Mais la forme concrète a mis du temps à se dessiner. Par contre dès que la décision a été prise, on a foncé. Nous avons trouvé la ferme en un mois et c’était parti. Entre le coup de bol et le coup de pouce du destin !
Depuis quelques mois nous rencontrons les acteurs locaux et les micro-fermes qui existent déjà. Nous découvrons que nous ne sommes pas tous seuls même si l’Eure est une région sinistrée au niveau de l’agriculture biologique. Heureusement la Ferme des Rufaux essaie de développer un réseau local pour s’entraider. Eux, ça fait cinq ans qu’ils sont installés. Ils sont à notre écoute et de bon conseil. Le modèle qu’ils ont mis en place nous inspire beaucoup.
Aujourd’hui nos potes et nos familles nous prennent un peu pour des fous mais nous soutiennent à fond. Ils nous aident beaucoup et sont très contents de venir squatter un lieu au milieu de la nature à deux heures de Paris. Des fois on nous demande si le fait de ne plus être toujours en vadrouille entre deux avions ne va pas nous manquer. Nous avons fait des reportages un peu partout dans le monde, dans des zones de guerre parfois, des endroits risqués et pourtant la vraie aventure a commencé avec la ferme. Nous avons l’impression d’être des explorateurs. De se lancer dans la traversée de l’atlantique dans une putain de baignoire. Et ça nous amuse beaucoup.
Autour de nous tout le monde dit nous envier mais personne ne saute le pas. Parfois on a envie de dire aux potes ce qu’on veut vous dire ici : faites-le aussi bordel ! Parce que de toutes façons c’est quoi l’autre option ? Continuer à passer la plupart de son temps dans des métiers qu’on trouve inutiles à l’échelle de la planète ? Continuer à se plaindre de la société, de son organisation, de ses injustices et des candidats à la présidentielle autour d’une pinte ? Arrêtons de nous cacher derrière notre cynisme. C’est drôle cinq minutes mais ça ne remplit pas une vie. »
Découvrez la page facebook de la Ferme des Gobettes
Auteurs: Thibault et Elsa
Photos de Thibault et Elsa
Pour aller plus loin: « Néo-paysans, le guide (très) pratique. Toutes les étapes pour créer sa ferme en agroécologie et permaculture » – un ouvrage complet!
Bonjour à vous,
et bon début et continuation…
Je vous suggère de visiter la ferme de permaculture du Bec d’Hellouin en Normandie. En 3ème année ils ont obtenu 53000 euros de revenu brut avec 2000 heures de travail sur 1000m2. + nourriture d’un âne, cheval, plusieurs stagiaires et leur famille de 4 personnes + personnel+compost.
Cette année ils démarrent une forêt-jardin… Ils sont suivis scientifiquement par une escouade de chercheurs.
Bon travail
Très sincèrement
serge v
Merci !
Moi je vous dis bravo bravo et encore bravo, je vous souhaite beaucoup de courage mais vous avez déjà montré que vous en aviez en sautant le pas. BONNE ROUTE
Merci !
Bravo. Et encore bravo. Longue vie aux Gobettes !
Beau texte teinte de courage et réflexion
Une démarche de surhomme nietzschéen
Le surhomme ce n est pas celui qui cherche à être le plus fort ou le plus intelligent aux dépends des autres, c est celui qui essaye simplement de se dépasser par sa réflexion et ses actes
Bravo
Diversifier pas divertir (détail sans importance)
bonjour a tous
vraiment félicitation et encore bravo, je vous souhaite beaucoup de courage. je suis vraiment intéressé et voudrais reproduire la meme chose ici au togo dans mon pays. j’ai commencé les activités et je dispose de 5ha de terre deja. je dirige une jeune association de jeune et dont voici le site: radiafrique.wordpress.com
Super projet ! Merci pour ur le message !
Bonjour, ça fait plaisir de voir que nous ne sommes pas seul. Notre parcours ressemble au votre. Militaire et bientôt ( fin contrat oct 2018) jardinier maraîcher en bourgogne. Nous sommes plus contraint avec 3:00 de route et deux enfants. Mais on a l’Envie! Bonne aventure! Claire.
ça c’est bien les jeunes, belle prise de conscience!!
c’est toujours ce qui manque, le courage de sauter le pas, de mettre le pied dans le vide et dans incertitude et vous l’avez eu, c’est beau!
il y a plein de réseaux aujourd’hui, plein de petites initiatives comme la votre alors si vous avez des moments de doute et que vous manquez du soutien de vos proches qui ne vous comprennent pas toujours, faites appel à nous!
bonne continuation, c’est en montrant des exemples de chemins de vie différents que les autres nous suivront.
Yes merci !
Bravo mec :p
Keep going, je suis ton aventure du retour à la terre avec délectation !
Vivement le prochain épisode.
Bonjour,
Je vous lis depuis la Belgique avec une envie de ferme. Ici c’est plus compliqué pour obtenir du foncier, le m2 est plutôt cher environ 5€/m2. L’accès à la terre le sera de plus en plus. Je possède une parcelle de 42 ares à 20 min de la capitale dans le but de créer un verger naturel. On se sent plein d’énergie quand autour de soi de nombreuses alternatives et initiatives voient le jour. Je suis sûr que vous ne manquez pas d’imagination dans votre projet. Bonne continuation dans votre aventure, elle en vaut vraiment la peine.
Bravo pour votre projet qui a l air d être bien planifié tel un business plan. Ne plus couvrir les conflits internationaux, et se recentrer sur soi est un projet de vie, c est donner du sens à son existence. Foncez, inventez, experimentez, serrez vous les coudes quand vous aurez des periodes plus difficiles ( s il y en a). Le monde n a jamais autant changé que par des pionniers.
Bravo. Ça nous réconforte mon amie et moi dans l’aventure dans laquelle nous nous sommes lancé pour rénover un corps de ferme afin de la faire renaître via projet maraîchage, élevage et tourisme à la ferme